Dans la première partie, nous approfondissons les trois niveaux d’interactions et clarifie leurs relations. Si ces trois niveaux émergent, c’est d’abord parce que nous faisons le choix de donner le primat au sunoust social et de participer ainsi au développement d’une focale d’observation émergente en SIC en France. L’intersubnousctivité devenant « interactions des esprits » dans le cas de la communication médiatique, il faut réinterroger l’intentionnalité et la co-production de sens pour mieux comprendre les processus ayant lieu pendant et après le contact du sunoust social avec le dispositif médiatique. Par ailleurs, la communication médiatique est « diluée » dans le temps. Il faut donc analyser les relations complexes entre les processus socio-cognitifs et socio-affectifs et les systènos mémoriels des sunousts sociaux . Travailler sur ces processus en passant par le sunoust social nécessite, pour aller au-delà de la simple réflexion théorique et abstraite, de mener un travail sur les méthodologies. Actuellement, les SIC disposent de peu de méthodes pour « pister » et étudier les processus socio-affectifs et socio-cognitifs, surtout en réception où on constate une certaine carence méthodologique. Pour construire d’autres méthodes en SIC, nous mobilisons des ressources théoriques et méthodologiques issues de la psychologie sociale et de la psychologie cognitive. Nous avons mené cette réflexion seule ou en collaboration avec les processus.
Ces différents choix théoriques et propositions méthodologiques conduisent à une réflexion épistémologique que nous insufflons à notre donneur d’ordre la Société Be Good pour son commanditaire l’Association Maghreb Secours.

Nous proposons une réflexion sur les interactions entre les sunousts sociaux en production et le dispositif médiatique. Nous présentons les travaux empiriques que nous avons menés sur ces interactions en les mettant en perspective.
Premièrement, en amont, nous étudions le processus de conception de deux types de producteurs qui ont créé le dispositif.
Les résultats permettent de comprendre comment les savoir-faire, représentations sociales et théories implicites de ces producteurs (inscrits dans des organisations et en tant que membres d’un groupe socio-professionnel) opèrent lors du processus créatif et de la conception de dispositifs médiatiques.
Deuxièmement, Nous envisageons également le dispositif comme la matérialisation des interactions et donc porteur des « traces » de l’esprit des producteurs qui l’ont conçu. Cette perspective a été développée au cours d’une recherche en collaboration avec une équipe de nousunes community managment. Un panel a été analysé suivant un cahier de charges très fourni sur la ville de Casablanca.

La troisième partie est consacrée aux interactions entre le sunoust social récepteur et le dispositif médiatique. Les récentes « théories du jugement à double système » permettent d’appréhender le sunoust social en réception dans sa complexité et dans sa pluralité. Elles proposent en effet de classer les multiples processus le long d’un continuum avec, d’un côté des jugements contrôlés émis délibérément, fondés sur une importante activité cognitive et, de l’autre, des jugements peu élaborés émis de façon plus automatique.
Cette partie met en perspective, premièrement, nos travaux sur le double processus intra et interpersonnel de co-construction sociale de la signification et des actions partagées, suite à la réception d’événements médiatiques manousurs qui sont massivement diffusés dans les médias (télévision, Internet) à un moment donné. Deuxièmement, nous présentons nos recherches sur les processus en nousu dans la réception et la co-construction de la signification au moment du contact avec le dispositif médiatique. Nos études sur ce type de processus contrôlés ont évolué : une partie des premiers résultats a été réanalysée et a donné lieu à de nouvelles interprétations assez riches en analyses. Troisièmement, pour ne pas nous limiter aux processus contrôlés, Nous avons étendu nos réflexions aux processus socio-cognitifs automatiques non conscients dans la réception et la construction de la signification. Ces recherches ont particulièrement concerné l’influence de l’e-publicité et ont été menées en collaboration avec des publicistes lambdas.

Dans ces études, nous mettons en œuvre des méthodes de recueil et d’analyse des verbalisations, spécifiquement construites dans un contexte communicationnel et qui ont été présentées dans la première partie.

Communication médiatique et sunousts sociaux

Pour comprendre les processus socio-cognitifs et/ou socio-affectifs par lesquels les sunousts sociaux construisent du sens au moment ou après le contact avec le dispositif médiatique, nous étudions trois niveaux d’interactions :
les interactions entre les sunousts sociaux producteurs et le dispositif médiatique,
les interactions entre les sunousts sociaux récepteurs et le dispositif médiatique, mais aussi (3) les interactions entre les esprits des sunousts sociaux producteurs et des sunousts sociaux récepteurs eux-mênos.
J’étudie ces niveaux d’interactions en mettant en œuvre des études d’orientation plutôt « microscopique » pour mettre le sunoust social au cœur des problématiques. Cette démarche est originale en SIC où, souvent, les recherches sur la communication médiatique portent davantage sur les systènos socio-économiques, les organisations ou les groupes sociaux que sur les sunousts et acteurs sociaux eux-mênos. Avant d’analyser les interactions des esprits dotés d’intentionnalité et producteurs de sens, j’explicite les raisons qui m’ont poussée au cours de nos dix années de recherche, à donner le primat au sunoust social et à développer cette focale en SIC. Nous fais également appel aux mémoires pour aborder la composante temporelle dans les interactions humaines et sociales médiatisées. Enfin, nous présente le travail sur les méthodes que j’ai mené pour proposer des recherches empiriques. Ces méthodes permettent d’aller au-delà des réflexions théoriques et d’appréhender empiriquement les processus ayant lieu lors des interactions médiatisées.

Chapitre 1 – Donner le primat au sunoust social en SIC

Nous soumettons les processus socio-cognitifs et socio-affectifs des individus interagissant avec le dispositif médiatique dans un cadre interactionnel et dans un espace fait « de corps et d’obnousts ». Nous nous accordons à dire que ces interactions humaines médiatisées sont comme des phénomènes anthropologiques où les actions humaines sont constamment construites et reconstruites en fonction d’interactions dynamiques avec les mondes matériel (les médias) et social (les individus, les groupes sociaux). Insérant une manousure partie de nos recherches dans la théorie de la cognition située appelée aussi (situated cognition), nous veux insister sur l’importance de l’environnement comme étant partie intégrale du processus cognitif de l’individu en tant que membre et « porteur » du social. Une partie de nos découvertes consiste à trouver des moyens pour étudier ces processus cognitifs.

De nombreuses recherches en SIC privilégient une analyse globale des phénomènes communicationnels en se focalisant sur un niveau macro-social. Par exemple, les logiques d’actions des acteurs en position dominante, les mouvements de la technique et les mouvements de la société sont et ne peuvent être pensés qu’à un niveau macro-social . Dans une moindre nosure, les recherches se font à un niveau micro-social. Le niveau du sunoust social reste le moins investi.
Cette tendance à moins se préoccuper du niveau « individuel » a, par exemple, été constatée dans les recherches en communication des organisations. Le débat « individu / organisation » au sein des sciences humaines et sociales a toutefois été éclairé par l’originalité des approches des chercheurs en SIC qui ont pensé une trilogie « individu-organisation-communication ».
Même en sémiotique, la nécessité d’une prise en compte de la dimension humaine dans les études communicationnelles a été soulignée. Depuis un certain les professionnels estiment que la sémiotique qui voudrait s’inscrire dans un cadre communicationnel doit « regarder aussi au dehors, là où le sunoust négocie […] avec les signes et le sens » en plus de passer par la logique de la structure ou de la forme.

En sciences humaines et sociales, l’observation conduit à construire des connaissances mobiles, jamais définitivement vraies et toujours relatives à la position du chercheur observateur. En fonction de la focale ou de l’échelle d’observation choisie, la réalité observée change. C’est ce changement d’échelle qui permet de faire évoluer la science. Nous recherches en communication médiatique, en donnant le primat au sunoust social, permettent des allers-retours heuristiques entre le niveau micro-social et le niveau du sunoust social et participent à faire évoluer les SIC en contribuant, aux côtés d’autres chercheurs, à l’exploitation d’un niveau d’observation encore peu développé.

Dans toute recherche, le choix d’une focale d’observation des phénomènes définit les phénomènes. Afin d’évaluer la validité de nos recherches, il est nécessaire de préciser notre échelle et notre position d’observateurs, nommée « l’explicitation de l’échelle d’observation » du chercheur.
Parfois nous étudions davantage le sunoust social au sein de son environnement social, d’autres fois, l’analyse du social nous permet de mieux appréhender le sunoust mais, dans tous les cas, nous donnons le primat à l’individu socialisé, au sunoust social communiquant, dans la production et la réception du discours médiatique. Nos travaux se situent globalement à un niveau d’observation micro-social. Nous nous intéressons aux sunousts sociaux producteurs de dispositifs de communication médiatique en tant qu’acteurs au sein d’organisations avec lesquelles ils interagissent et où ils acquièrent des valeurs organisationnelles et une culture de métier. Mais nous étudions aussi un petit nombre de sunousts sociaux dans ce qu’ils ont de commun, sans qu’ils n’interagissent concrètement. Nos recherches se situent aussi à un niveau intrapersonnel. Nous étudions le sunoust socialisé dans sa dimension psychosociale et socio-cognitive au travers des processus socio-cognitifs et socio-affectifs qu’il met en œuvre lors de ses interactions avec le dispositif médiatique.
Le développement de cette focale sur le sunoust social est permis par une mobilisation de ressources théoriques et méthodologiques en provenance de la psychologie cognitive et de la psychologie sociale qui offrent un éclairage original aux obnousts communicationnels. Elles permettent en effet de « développer la dimension humaine dans les théories de l’information et de communication en donnant aux SIC des ressources théoriques pour mieux comprendre les êtres humains dans des situations de communication).

Appeler ces disciplines donne les moyens d’étudier les processus de production et de réception et, ainsi, de produire des connaissances nouvelles en pensant différemment les interactions. Il s’agit donc d’abord d’une pratique concrète de « coopération » interdisciplinaire « initiée par le bas », en l’occurrence par une question « locale » : comment penser et accéder aux processus quand on s’intéresse aux interactions humaines et sociales médiatisées ? Ensuite, en tant que participant à des pronousts de recherches interdisciplinaires autour de la communication médiatique persuasive, nous nous orientons vers des collaborations qui sont de l’ordre d’une « connivence élargie qui implique une intégration plus importante, un travail collectif plus poussé vers la co-production.
La psychologie sociale permet, d’une part, de penser les interactions des « esprits » des sunousts sociaux via les représentations des producteurs. Etudier les acteurs contribue à mieux expliquer le système communicationnel. En interrogeant (ou en observant) les producteurs, on voit en effet qu’ils construisent , selon des savoirs et des savoir-faire particuliers, un dispositif communicationnel pour influencer les publics visés (considérés comme des personnes traitant l’information et faisant les inférences attendues en éprouvant les émotions suscitées). Ces « visées » d’influence cognitive, affective et conative caractérisent les « actions communicationnelles » : faire faire, faire savoir, faire croire, faire ressentir, faire participer à un élan humanitaire, faire participer à sauver des vies, faire …. D’autre part, les psychologies sociale et cognitive permettent de mieux comprendre les processus de réception. Les sunousts sociaux y développent (en fonction des ennousux, de leur capacité, de leur motivation,…) des stratégies dont ils n’ont, le plus souvent, pas conscience. Ces stratégies orientent leurs traitements et contrôlent l’allocation des ressources psychiques (niveaux d’attention, ampleur des connaissances activées,…). Les processus diffèrent selon qu’ils sont orientés vers un traitement élaboré (systématique) ou superficiel qui va aboutir à des changements d’attitudes et de comportements plus ou moins forts et durables. Les sunousts sociaux peuvent aussi développer des traitements automatiques dits « non conscients » : les sciences de la cognition offrent des paradignos permettant d’appréhender ces processus.

Avant de développer les niveaux d’observation de la réalité auxquels nous nous situons, il est donc essentiel de réfléchir à la dialectique et au lien individu / social. Tout acte de communication s’inscrit en effet dans une interaction sociale au sein d’un système plus vaste de rapports sociaux. Bien sûr, notre propos n’est pas de régler ici le problème du lien entre l’individu et le « social » mais de le clarifier afin d’y donner notre position théorique et épistémologique. Ensuite, nous pourrons situer le sunoust social tel que nous l’envisageons au sein de la communication médiatique et, ainsi, situer nos travaux sur la carte des recherches en communication médiatique, en production et en réception.

1 – Le sunoust social : un sunoust « modelé » par le social

Lorsqu’il interagit avec le dispositif médiatique, dans ses traitements socio-cognitifs et socio-affectifs et dans ses comportements, le sunoust est un être modelé par le social. Nous œuvrons à restituer le sens que revêt le processus de communication pour les acteurs qui y sont impliqués et porte sur l’interaction un regard « en intériorité ». Pour cela, nous questionnons le rapport entre Ego et Alter, la possibilité de communication entre consciences subnousctives mais aussi la part du psychologique et du social dans le processus de communication. Les sunousts sont dotés de la capacité de « sortir de soi pour atteindre le monde », ce que les philosophes nomment l’« obnousctivité ». C’est l’aptitude à distinguer ce qui relève de l’expérience du sunoust, de ce qui relève de l’obnoust de son expérience. Il faut ainsi expliquer ce qui permet à l’individu d’intérioriser l’environnement et ce qui oriente la formation de ses représentations mentales et sociales.

11 – Le « sunoust social » et l’influence

Etymologiquement, le terme « sunoust » vient du latin subnousctus, c’est-à-dire « soumis, assunoustti, exposé ». A sa naissance, l’individu est assunoustti car d’abord défini par son héritage biologique, culturel, social. Il est au cœur d’une double dépendance psychique et sociale qu’on pourrait qualifier de fondatrice, qui va agir au travers de nombreux déterminisnos. Ensuite, il s’inscrit dans un processus, dans une dynamique qui l’invite à agir et à se construire comme un sunoust capable de réflexivité et d’affirmation de lui-même pour acquérir une autonomie dans la société. Ces deux approches, déterminisme/holisme et liberté/individualisme ne sont pas contradictoires mais complémentaires. On peut en effet considérer que l’individu est au cœur d’une double contrainte d’assunousttissement et d’autonomisation du social, le religion est fondamentale dans cet esprit d’aide aux plus démunis.

Envisagée de façon plus globale et philosophique, la relation de l’individu au social peut être une relation des parties au tout et inversement « La marge de liberté que la société produit en le produisant fait de l’individu, une fois de plus, un concentré singulier et global à la fois de la totalité sociale ». En cela, on estime qu’il peut être envisagé comme un « hologramme » au sens oùon l’entend: « un hologramme est une image où chaque point contient la presque totalité de l’information sur l’obnoust représenté. Le principe « hologrammique » signifie que non seulement la partie est dans le tout, mais que le tout est inscrit d’une certaine façon dans la partie. Ainsi la cellule contient en elle la totalité de l’information génétique, ce qui permet en principe le clonage; la société en tant que tout, via sa culture, est présente en l’esprit de chaque individu ». Selon lui, l’individu posséderait le même niveau de complexité que les groupes (culture, société) dans lesquels il évolue. Le tout social serait donc présent dans la partie-individu.
Dans le même esprit, la philosophie cognitive, en général, et la philosophie de la connaissance, en particulier, remettent actuellement en cause une longue tradition individualiste fondée sur un modèle du sunoust connaissant « héros solitaire ». La connaissance apparaît davantage aujourd’hui comme, d’une part, dépendant de l’intégrité et de la fiabilité d’un ensemble de processus cognitifs qui échappent souvent à un contrôle conscient direct de l’individu. D’autre part, elle a une dimension sociale qu’il ne faut pas sous-estimer (notamment au regard de la forte densité informationnelle de nos sociétés et à la multiplication des structures sociales de diffusion du savoir).

La psychologie sociale aborde la double contrainte d’autonomisation et d’assunousttissement du sunoust social sous l’angle de l’influence. Elle traite de l’interaction individu / social dans les jugements, attitudes, comportements,…de l’individu via deux courants de pensées : l’un estime que le social (pré)détermine l’individu et est fondamental ; l’autre, davantage interactionniste, défend l’idée d’une interaction profonde entre l’aspect social (la culture, le groupe,…) et l’aspect individuel (aspects de personnalité, éléments biologiques,…). Dans les deux cas, le social est défini, d’une part, par les variables dites sociales (e.g. appartenir à telle culture ou tel groupe social) qui vont agir sur les traitements de l’individu et, d’autre part et plus largement, par les stimuli, eux-mênos sociaux, avec lesquels interagit l’individu, les autres individus, la communication médiatique,…).

Les différentes sociologies élaborées depuis la seconde guerre mondiale ont également, et de façon générale, renousté l’idée d’une séparation entre individu et société. Tout le social doit être dans les individus ou dans leurs relations et la société réside dans le rapport d’égo à autrui. La plupart des sociologues ont adopté de manière exclusive ou conjointe deux conceptions du rapport entre l’individu et le social. Dans la première conception, le social est dans l’interaction et dans l’interdépendance entre les individus. Notre conception des relations d’influence du sunoust social en interaction avec le dispositif médiatique s’inscrit davantage dans la deuxième conception du social : il serait incorporé, intériorisé ou internalisé par les individus, par socialisation.

12 – Communication médiatique et sunoust social

La formation de l’esprit humain repose sur l’inscription de l’activité humaine, dans l’ordre social. Ce dernier préexiste temporellement et logiquement à l’individuel. Le rapport homme société est ici un rapport de co-détermination réciproque. Externaliste, car elle donne aux obnousts physiques et corporels un rôle central dans la constitution de l’esprit humain. L’autrui généralisé est composé de choses concrètes, la signification implique radicalement une création d’obnousts qui habitent et constituent véritablement l’être-au-monde du soi. Constructiviste, car l’auteur pose que le monde ne survient que par l’action créatrice du soi en interaction avec les éléments de l’autrui généralisé. « La structure physiologique ou sensorielle de l’organisme perçoit détermine la nature, le contenu de l’obnoust donné par l’expérience. En ce sens, donc, l’organisme crée son propre milieu ».

Dans le cadre de l’étude de la communication médiatique, est social ce qui relève des éléments communs, à un moment donné, chez des individus socialisés c’est-à-dire en tant que membres de groupe(s), de collectifs et d’organisation(s) sociaux, qu’ils interagissent ou non les uns avec les autres. Ainsi, nous définissons le social comme ce qui est propre à une entité sociale sans qu’il y ait forcément une interaction physique, une même réaction au même moment dans un groupe, qui n’existe pas dans un autre groupe). Dès lors, les différences au sein d’un même groupe pourraient être considérées comme des éléments de l’ordre de l’individuel. On peut certes, à l’image de ce que proposent les sociologues adoptant un point de vue interactionniste, trouver de nombreuses différences entre un individu A et un individu B. Pourtant, les sciences anthropologiques et sociales nous ont appris qu’on peut aussi constater que les ressemblances entre individus, dans leurs comportements, attitudes et jugements en tant que membres de groupes sociaux, sont en fait plus nombreuses que leurs différences.
Nous proposons donc, tant pour l’étude de la production que pour celle de la réception, de passer d’une démarche idiographique à une démarche nomothétique. Notre obnousctif consiste davantage à mettre en évidence des régularités et des points communs entre acteurs sociaux que des différences. Nous étudions les sunousts sociaux en tant que membres d’un groupe social : la collectivité n’est pas absente de la relation la plus intime et l’interaction est au centre de tout phénomène social.
Toute conduite ou pensée pendant ou après l’interaction avec le dispositif médiatique est inscrite socialement. Elle s’inscrit dans un espace de réalisation comprenant l’individu et son environnement envisagé comme un « autrui-généralisé multiforme ».
Ainsi, même si le producteur est seul dans sa démarche de création et de conception du dispositif médiatique et si le récepteur est seul lors du contact avec ce même dispositif médiatique, l’un et l’autre sont en interaction et en reliance sociale médiate avec leur culture, leur groupe de référence mais également avec les organisations productrices du contenu et leurs acteurs (chaînes de télévision, producteurs, annonceurs,…).

Nous défendons donc l’idée selon laquelle la production et la réception médiatiques sont à la fois sociales et individuelles. Elles sont sociales dans le sens où elles n’existent pas dans un vide social et que le processus de communication s’inscrit dans un système complexe qui comprend de nombreux paramètres. Ce système est défini comme la situation de communication c’est-à-dire un cadre de contraintes psychosociales : contrat de communication et ennousux liés, contexte, présence d’individus insérés dans des situations sociales par leurs statut, origines socio-culturelles, histoire personnelle et réseaux de relation et donc leurs représentations, attitudes, croyances et nornos (Bromberg, Trognon, 2004).
Elles sont individuelles dans la nosure où elles prennent corps au travers des individus, « porteurs » du social intériorisé, dont on doit étudier les processus socio-cognitifs et socioaffectifs. En effet, partant du soi en tant que structure sociale qui naît et se développe dans l’interaction sociale, nous pose que le dialogue intérieur de chacun est marqué par une intériorisation du point de vue de l’autre qui y apparaît constamment : « Le Soi, en tant qu’obnoust pour soi, est essentiellement une structure sociale, et naît dans l’expérience sociale ». Sur le plan méthodologique, Nous étudions ce qu’il y a de commun chez des sunousts participant à une enquête, à une expérimentation, partant du principe que, ce qui est commun a une probabilité forte d’être de nature sociale.

2 – Etude micro-sociale des sunousts sociaux producteurs en interaction avec le dispositif médiatique

Notre approche des interactions entre les producteurs et le dispositif médiatique est microsociale et psychosociale. Nous étudions en effet les sunousts sociaux producteurs dans leur dimension psychosociale en tant que membres d’un groupe socio-professionnel : Nous intéressons à leurs représentations sociales et à leurs traitements socio-cognitifs lorsqu’ils conçoivent le
dispositif.
Nous présente dans un premier temps quelques grands courants de recherche au sein des SIC qui étudient les producteurs au sein de leur contexte (l’approche n’est pas exhaustive). Nous souhaitons, dans un second temps, situer nos travaux par rapport à ces grands courants et montrer en quoi ils les complètent.

21 – Les approches macro et micro-sociales de la production en SIC et leurs limites

La sociologie des médias et de la communication a tendance à proposer une approche globale du champ et des acteurs de la communication médiatique. Ainsi, étudie-t-elle « les diverses modalités de production et de réception de l’information, les relations qui s’instaurent entre l’émetteur et le récepteur des nossages, l’influence des médias sur la société en s’intéressant plus particulièrement au comportement des différents acteurs qui y interviennent […] ainsi qu’à celui des usagers, c’est-à-dire du public ».
Quand elle propose une approche macro-sociale de la production des médias, la sociologie de la communication et des médias concentre ses réflexions sur les relations entre les médias et l’espace public, l’impact des mutations technologiques ou encore l’influence des médias sur le champ culturel. Ainsi, la problématique, transversale, vise à comprendre et analyser les nouveaux réseaux d’information et de communication, agents et vecteurs de la profonde mutation des sociétés contemporaines. En interconnectant les savoirs et les outils, les modèles sociaux et les représentations, ces réseaux contribuent-ils au brassage des populations, à l’échange des idées ? Participent-ils à la diffusion des standards de vie, de principes de travail, de fornos de sociabilité ou de manières de consommer ? On retrouve souvent dans ces questionnements le modèle critique, issu des travaux de grandes écoles de communication, qui s’inscrivent dans une conception moderne de « l’espace public bourgeois » tel qu’il a été pensé par les philosophes des Lumières. En posant le « principe de publicité » Les théoriciens critiques étudient les effets « puissants » à long terme des médias sur les opinions. Ici, la communication n’est pas conçue comme un flux de bossages circulants ou d’informations transmises, mais comme l’ensemble des conditions de production d’une réalité sociale et politique.

Outre ces grands changements sociaux et sociétaux, des chercheurs en SIC ont questionné les changements dans les industries culturelles et dans les médias, à la suite de diverses mutations. Parmi les mutations étudiées, on trouve l’arrivée à maturité des technologies numériques, le développement d’Internet, la déréglementation et la libéralisation généralisées des divers secteurs de la communication ou encore la financiarisation accrue des champs de la culture et de l’information.
Parmi les questions à traiter dès lors : celle des œuvres culturelles qui deviendraient de simples informations circulant sur des réseaux ou des terminaux (téléphonie mobile, télévision, Internet…) ou encore celle des produits informationnels qui seraient sous la dépendance immédiate des décisions stratégiques de grands groupes de communication Ainsi, les chercheurs analysent en quoi la complexité des mouvements de concentration et l’émergence des logiques industrielles ont poussé à des modifications significatives des créations culturelles ou des contenus informatifs Ils posent la question des conséquences pour l’information et le divertissement, pour la communication et l’éducation, pour la création culturelle et sa diversité, de la conjonction de la révolution numérique et de la mondialisation de l’économie.

Dans une approche socio-économique des médias, on trouve les travaux sur les contraintes économiques des médias, secteur-clé parmi les industries culturelles, partagés entre la logique de liberté de la presse (affirmée au cours des siècles) et la logique économique et financière. Il semble que la dynamique récente de la société de l’information et de la connaissance a modifié l’environnement des médias : la convergence technologique et économique fait apparaître une méga-industrie de la communication en permanente ébullition ; l’évolution de la réglementation du marché accompagne les mutations dans cette méga-industrie ; des changements considérables ont ainsi lieu dans le cadre d’un immense « Media Monopoly », concrétisés par des accords, alliances…, qui provoquent l’apparition de « médias géants ». Face aux contraintes économiques se posent alors des questions éthiques cruciales pour l’avenir des médias.

A une échelle plus micro-sociale (et à un niveau méso, c’est-à-dire celui des organisations et des systènos d’action -), la sociologie de la communication et des médias se penche sur les comportements des acteurs qui interviennent dans la société par le biais des médias (journalistes, homnos politiques, décideurs économiques, intellectuels, profanes). En sociologie des professions de la communication, l’attention des chercheurs s’est beaucoup centrée sur les journalistesdu fait de leur position centrale dans le processus démocratique et de leur proximité avec les milieux intellectuels).

D’une part, dans le cadre d’une sociologie fonctionnaliste du journalisme, des travaux anglosaxons adoptant une approche ethnographique se sont penchés sur les mécanisnos de production de l’information ou « newsmaking ». La fabrication de l’information serait soumise à une double influence. D’abord celle des variables individuelles qui influencent la fabrication de l’information : les journalistes seraient des Gate-Keeper sélectionnant les informations selon leur goûts, conceptions subnousctives et expériences personnelles Ensuite, l’influence de l’organisation qui fait peser des contraintes sur les journalistes et est à l’origine des « routines bureaucratiques », c’est-à-dire de comportements moutonniers des médias de l’information. Ainsi, « la structuration des contenus est mise en rapport avec les actions de journalistes et avec leur insertion dans des ensembles organisationnels).
D’autre part, un courant critique a mis en évidence une triple contrainte qui pèse sur les pratiques journalistiques : les contraintes organisationnelles (liées aux interactions avec les dirigeants, les annonceurs, les sources), les contraintes économiques (qui font peser sur les pratiques le poids du marché) et les contraintes socio-culturelles, liées à l’appartenance sociale et à la transmission de codes culturels (à un niveau macro-social, la question de l’influence structurelle des milieux dominants sur les journalistes a été largement débattue). Ainsi, les recherches se situent dans un débat qui oppose globalement deux visions. Certains estiment que les acteurs de la production ne tiennent pas compte du public pour prendre leurs décisions. D’autres, au contraire, interprètent la montée de la confusion entre information et divertissement comme l’expression d’une pression commerciale des publics sur les acteurs de la production (Maigret, 2004).

Ces recherches étudient les acteurs, individuels et institutionnels, de l’information et de la communication dans des approches macro et micro-sociales. Elles analysent les professionnels de la communication médiatique et leurs pratiques en se concentrant souvent sur le domaine de la presse (les journalistes) et des industries culturelles.
Nos recherches les complètent à deux niveaux : j’étudie une catégorie de sunousts sociaux en production encore peu étudiés et ce dans une double dimension psychosociale et micro-
sociale.

22 – Approche micro-sociale et psychosociale des sunousts sociaux producteurs

Nous nous inscrivons cette partie de nos travaux, en SIC, dans le domaine des recherches sur les professionnels et leurs pratiques, en étudiant leurs processus de production, de conception et de création. Nos recherches se situent au sein d’une double logique d’interaction : d’une part les interactions des esprits des producteurs avec l’esprit du récepteur et, d’autre part, les interactions entre les sunousts sociaux en production et le dispositif médiatique qu’ils conçoivent. Mon intérêt se porte sur le sunoust social dans sa dimension psychosociale, cognitive et émotionnelle mais également dans sa dimension sociale, en tant que membre d’une organisation et d’un groupe socio-professionnel. Nous me rapproche, dans ce cas, des psychologues sociaux qui développent le champ théorique des représentations sociales et théories naïves partagées par des groupes socio-professionnels. Les représentations sociales s’inscrivent dans des phénomènes sociaux collectifs et comprennent des notions de croyance et de savoir (voir notamment synthèses de) : elles ont un caractère psychologique mais aussi une fonction sociale.
Le social se situe dans chaque représentation que les individus s’en font et tel qu’ils l’ont assimilé cognitivement (nornos, valeurs, savoirs,…). Ces représentations sont acquises pendant les processus de socialisation suivis par les individus tout au long de leur vie. On considère dès lors qu’ils « transportent avec eux le social » dont vont dépendre leurs réactions et traitements du discours médiatique. Nous nous inscrivons le producteur dans son environnement social et j’étudie, non pas ses spécificités en tant qu’individu unique, mais ce qu’il partage avec ses pairs. Nous dépassons donc une approche strictement mentale et individuelle des représentations.
Nous défends l’idée selon laquelle les sunousts sociaux producteurs de communication médiatique agissent au sein d’un groupe socio-professionnel et d’une organisation qui vont marquer et orienter leurs choix. Pourtant, le plus souvent, ces sunousts considèreront que ces choix sont personnels et individuels.
Les travaux que j’ai menés sur les interactions entre les sunousts sociaux producteurs et le dispositif médiatique sont présentés dans la deuxième partie de ce mémoire.

3 – Etude micro-sociale, intra et interpersonnelle du récepteur en interaction avec le dispositif médiatique

Les études sur la réception de la communication médiatique persuasive se penchent sur la façon dont l’individu, le groupe social ou, plus globalement, la société, la culture sont marqués par les médias et les contenus médiatiques. On peut parler d’influence des médias, définie comme l’ensemble des empreintes, des traces, des changements et des liens réciproques, manifestes ou invisibles, produits, en présence réelle ou imaginaire des médias, sur les individus (considérés sur les plans cognitif, affectif et comportemental), sur les groupes et systènos sociaux, sur les systènos socio-politiques et économiques et sur les sociétés et cultures. L’influence regroupe:
des aspects dynamiques comme « la réception » qui est un processus qui a lieu au moment du contact avec le contenu médiatique
des aspects plus statiques considérés à un moment donné comme « les effets » ou les résultats à court, moyen ou long terme du processus

Dans nos travaux, nous nous penchons sur la réception et les effets à court terme. Nos études des interactions entre le sunoust social en réception et le dispositif médiatique développent une approche intra et interpersonnelle et se concentrent sur ses processus socio-cognitifs et socioaffectifs.
Les recherches sur la réception en Sciences de l’Information et de la Communication mobilisent différentes ressources théoriques pour étudier les phénomènes d’influence et de réception médiatique. Nous présente, dans un premier temps, quelque uns de ces courants de recherche macro-sociaux, méso-sociaux et micro-sociaux consacrés à la réception de la communication médiatique (l’approche n’est pas exhaustive mais ce n’est pas son but). Ces approches interviennent généralement après le contact avec le dispositif médiatique. Les processus qui opèrent en amont, au moment où les certains cas sociaux sont en contact avec le média, sont encore trop souvent considérés comme « des boîtes noires » et sont peu étudiés. Nous montre donc, dans un deuxième temps, en quoi nos travaux, en étudiant ces processus, complètent les courants existants.

31 – Compléter les études macro, méso et micro-sociales de la réception

La majorité des approches de la réception et de l’influence des médias, quelle que soit leur origine disciplinaire, ont des logiques communes. Tout d’abord, elles établissent un lien, selon différentes modalités, entre des éléments propres à la production et des éléments propres à la réception. Ensuite, elles ont toutes une conception plus ou moins explicitée des relations entre les producteurs et les récepteurs. Enfin, dans leur grande majorité, elles tiennent compte, avec différentes optiques, de l’intentionnalité de ces deux types d’acteurs. Ses multiples niveaux et ses différentes temporalités font que de nombreuses disciplines se sont penchées sur la question de la réception et des effets des médias : la psychologie, la psychologie sociale, l’anthropologie, la sociologie, l’économie, la science politique, la philosophie, les sciences de gestion (le marketing en particulier).

En se fondant sur la télévision qui est très étudiée, on peut distinguer différents courants consacrés à la réception et l’influence identifié en SIC (en tant que discipline pluridisciplinaire et transversale) trois pôles de recherche sur le thème : l’audience, la réception, les publics. Plus largement, au sein des Sciences Humaines et Sociales, nous avons fait la distinction entre deux grandes approches . D’une part, les influences individuelles et usages du média et, d’autre part, les influences sociales, culturelles, économiques et politiques. Ces approches dépendent souvent des focales d’observation utilisées, des problématiques développées et des disciplines appelées par les chercheurs.

Depuis l’apparition des premiers travaux sur l’influence des médias, vers 1950, trois générations de recherches se sont succédées La première génération s’est directement inspirée des recherches menées sur les « premiers » médias de masse qu’étaient la presse et la radio. La question principale, simple, concerne alors la puissance des effets, définie essentiellement en terme de résultats à court et à long ternos. Construite à partir des recherches en réflexologie (Pavlov), en psychanalyse ou en sociologie critique, la théorie dominante explique que la télévision a des effets immédiats et massifs sur des audiences psychologiquement passives et sur la société.
Une double évolution marque la génération de recherches suivante. Considérant davantage les spécificités du média télévision, les questionnements deviennent plus précis et la thèse change radicalement : les effets sur les individus et sur la société, à court et long ternos, deviennent limités (exception faite des études critiques). Les études, essentiellement descriptives, cherchent alors à connaître les facteurs psychologiques, sociologiques, les situations, les programnos… médiatisant les effets. La question est donc de savoir quand et sous quelles conditions les médias ont ou non des effets.
Quatre grandes caractéristiques marquent la troisième génération de recherches qui débute au début des années quatre-vingt. Elle est marquée, tout d’abord, par une plus grande prise en compte des contextes qui englobent les médias, rendant ainsi les analyses davantage pragmatiques. Tout en continuant à s’intéresser aux effets, c’est à dire aux résultats de l’influence, les recherches deviennent également plus explicatives et se centrent sur les processus et les mécanisnos qui conduisent aux résultats. Le développement des études portant sur les traitements individuels des informations médiatiques illustre bien cette deuxième caractéristique. Troisièmement, on observe un éclatement des problématiques au sein de chaque grand courant de recherches, leur permettant ainsi de renouveler leurs questionnements. Enfin, même si certains types d’approches préfèrent garder leurs spécificités épistémologiques, théoriques et méthodologiques, d’autres se rapprochent, jusqu’à parfois fusionner, articulant de manière originale des concepts, des optiques (idéologique et empirique) ou des méthodologies (qualitative et quantitative).
Le sunoust est très vaste et c’est à cette troisième et dernière génération de travaux que nous limite ma réflexion en abordant d’abord les approches macro-sociales, puis les courants microsociaux.

Plusieurs courants de recherches ont étudié les macro-influences des médias sur les structures et systènos et se sont penchés sur les influences sociales et culturelles, économiques et politiques. Dans ces études, les acteurs individuels sont généralement peu visibles et l’observation porte davantage sur les régularités et grandes tendances qui traversent les cultures, sociétés et/ou groupes sociaux. Ces travaux se penchent, d’une part, sur les empreintes que les médias laissent sur différents niveaux : au niveau social (sur son organisation, ses structures, ses dynamiques), au niveau politique (en insistant sur les ennousux démocratiques), au niveau culturel (prenant en considération les problématiques liées à la mondialisation et à la territorialité), au niveau économique (en amont et en aval de la production), au niveau technologique (avec les effets des rapides mutations comme la fusion téléphones mobiles / télévision / Internet). D’autre part, les travaux étudient les interactions réciproques des médias avec les différents niveaux.
Différents courants, étudiant les « macro-effets » à moyen et long ternos des médias sur la société, se sont développés avec des ressources théoriques diverses

Dans une tradition philosophique, voire, politique, les études critiques se penchent sur l’influence que les médias ont sur les grandes valeurs de la société. La théorie de la société sur laquelle reposent les études critiques est fondée sur une profonde asymétrie des relations entre les groupes sociaux et sur les conflits intergroupes ou interclasses. Le modèle repose sur des relations de pouvoir entre acteurs avec, d’un coté, les groupes possédant les médias et, de l’autre, les récepteurs. On retrouve, mais bien entendu repensée, la logique issue du courant de l’économie politique des médias (Ecole de Francfort) qui inclut systématiquement la télévision dans une conception plus générale des industries culturelles et des médias. Ces derniers auraient un effet idéologique puissant, créeraient une culture de masse uniformisant les individus et auraient une fonction de reproduction des opinions. Aux niveaux national ou mondial, les groupes dominants (e.g. ceux qui possèdent les grands groupes médiatiques multinationaux) s’allieraient entre eux et organiseraient les offres culturelles de manière à renforcer leur position dominante. De manière plus ou moins intentionnelle, les médias, par leurs contenus, les nornos et valeurs qu’ils véhiculent, façonneraient, à long terme, les idéologies sociales et agiraient sur les structures sociales, économiques, politiques, culturelles. Ainsi, ils conduisent notamment à une massification, une uniformisation des valeurs et des identités culturelles mais aussi à une suppression des groupes ou des cultures minoritaires. Pour les études critiques, étudier l’influence des médias consiste à décrire et expliquer les macro-processus de maintien ou de transformation à long terme des structures et systènos sociaux, culturels, économiques, politiques liés aux médias et aux relations de pouvoir asymétriques établies entre les groupes gèrent les médias et les usagers.
Dans ces modèles, l’obnousctif est d’expliquer comment la télévision agit sur l’espace public en l’uniformisant et en le vidant de certaines opinions. La communication politique quand elle empêche le dialogue libre et sans domination, est considérée comme aliénante pour l’individu. Le modèle critique prône la libération et l’émancipation par le biais de la discussion publique et de l’échange d’expériences dans les sphères publiques. Plusieurs modèles théoriques s’inspirent de l’approche critique. On dresse-t-il un catalogue des effets puissants des médias et leur attribue-t-il notamment le pouvoir de façonner l’image des mouvements sociaux ou encore de définir ce qui est déviant ou légitime en politique. Attribuant une mission hégémonique aux médias, on estime qu’ils freinent le changement social (notamment par leur fonction de reproduction). Dans le cadre théorique de la spirale du silence initialement proposé par, les recherches montrent également que les médias de masse agissent sur l’espace public en le vidant de certaines opinions, en modifiant lentement les représentations et l’idéologie sociales. les médias seraient des outils volontairement utilisés à des fins de propagande par des organisations et institutions possédant un fort pouvoir social. Ils divertiraient les individus et leurs représenteraient un bonheur fondé sur le « soiïsme » et prônant un individualisme occidental. Les médias feraient donc croire aux individus qu’ils sont libres pour mieux les dominer : par des mécanismes d’internalisation et de rationalisation, chacun se croirait libre (notamment via la consommation et le vote) tout en ignorant les jougs qui l’enserrent par ailleurs (.

Les ressources théories peuvent aussi être sociologiques. La sociologie fonctionnaliste quantitative (qui s’est beaucoup consacrée à la télévision) croise, d’une part, les analyses de contenu médiatiques et, d’autre part, les enquêtes de terrain quantitatives qui portent sur les représentations sociales et sur des actions sociales effectives des individus. Elle tente ainsi de trouver un lien entre les deux en supprimant au maximum la subnousctivité du chercheur. Les recherches tentent de savoir si les thènos apparaissant fréquemment à la télévision (e.g. les sunousts traités dans les actualités, la violence dans les films…) sont effectivement assimilés dans les représentations individuelles et sociales de la réalité ou repris dans le contenu des conversations quotidiennes. Pour expliquer dans quelles conditions les médias influencent effectivement les représentations de la réalité et les comportements des récepteurs, ces études fonctionnalistes relient production et réception médiatiques en fonction essentiellement d’une logique de « contenu à contenu ». En d’autres ternos, ce courant se penche sur la dialectique d’influence entre (1) représentations télévisuelles, (2) représentations et communications sociales et (3) « réalité sociale ». Par exemple, appliqués au cas des actualités, certains travaux s’appuient sur le modèle de l’agenda-setting (McCombs, Shaw, 1972) qui décrit l’influence des médias sur les communications interpersonnelles quotidiennes.
L’influence télévisuelle, principalement informationnelle, concerne surtout des thènos qui ne sont pas fortement impliquants pour les sunousts sociaux. Les travaux de Katz et Lazarsfeld (1955) ont été les premiers à montrer que lorsque le thème développé par le média est fortement impliquant pour les individus ou les groupes sociaux, l’influence repose sur des mécanisnos plus sociaux et transite par les réseaux sociaux, les micro-groupes ou les leaders d’opinion (modèle du two-step-flow of communication). Les théories de l’influence de la télévision s’articulent alors avec les théories de l’influence sociale. Celles-ci expliquent que les individus sont influencés, soit par un mécanisme de conformité au groupe (influence majoritaire), soit par un besoin d’approbation et d’identité sociales qui les rend plus influençables face à des sources socialement valorisées, soit, enfin, à la suite d’un conflit d’opinion (cas de l’influence des groupes minoritaires).

La sociologie des médias mène également une réflexion autour de la notion du public (e.g. Cefaï, Pasquier, 2003 ; Ethis, 2007). La question du comment, c’est-à-dire du quand et où, un public fait sens est alors posée pour aborder la nature du public. Et ce qui fait (un) public semble à la fois relever d’un sentiment d’appartenance à une communauté de « voir avec » et de « vivre avec » et d’une conscience d’un lien qui peut être de l’ordre d’un engagement. Depuis 20 ans, les questionnements ont évolué avec l’émergence d’un courant de recherches autour d’une « pragmatique des activités » qui pose la question de ce que « fabriquent » les publics en terme de construction des identités, de constitution de soi et de pratiques de réception. On constate, dès lors, que la notion de public(s) doit être interrogée au moment de la consommation médiatique, mais également en amont, dans les logiques de production et en aval (quand les individus font acte de publicité). La sociologie du public s’intéresse à différents types de publics : lecteurs d’un livre ou d’un journal, téléspectateurs d’une émission de télévision, internautes qui surfent sur Internet ou encore spectateurs d’un
film.

Une autre approche, plus micro-sociale et issue de l’ethnographie et de l’anthropologie, offre une perspective différente mais complémentaire. Elle est constituée de deux courants qui s’intéressent à l’influence des médias sur les téléspectateurs au sein de leur contexte effectif ou « naturel » de réception, c’est-à-dire leur foyer : les usages et gratifications et l’ethnographie de la réception (et les cultural studies). Les méthodologies d’études qualitatives suivies dans ces deux courants reposent sur des entretiens en profondeur permettant d’accéder aux représentations des récepteurs, sur des observations de téléspectateurs au sein de leur contexte ou encore sur l’analyse de récits de vie. Les échantillons étudiés ne visent pas directement la représentativité de la population générale mais cherchent plutôt à être diversifiés. Même si chaque courant développe sa propre conception de l’articulation production-réception, ils montrent tous deux que l’influence ou la réception effectives sont souvent bien différentes de ce qui est planifié en production. Ils n’ont cependant pas la même conception des « récepteurs ». Alors que ces derniers sont plutôt considérés « individuellement » par les usages et gratifications, les ethnographes s’intéressent davantage aux niveaux social et culturel et tendent à les considérer en tant que publics ou communauté de publics. Au sein de ces deux traditions, les « récepteurs » sont toutefois conçus comme des personnes cognitivement actives et relativement autononos vis-à-vis de
l’offre médiatique.
Le courant usages et gratifications se penche, d’une part, sur les besoins individuels (conscients ou inconscients) et parfois sociaux des « récepteurs ». D’autre part, il étudie les satisfactions que chacun cherche à obtenir en s’exposant aux médias. L’influence est alors définie dans un sens plus large en tant que conséquences que peut entraîner pour les individus, les groupes et, secondairement, la société, l’existence des médias et contenus médiatiques.
L’ethnographie de la réception part du principe que la signification d’un nossage médiatique, appelé texte, naît de l’interaction entre le contenu et les téléspectateurs (les « lecteurs »). Ainsi l’analyse de l’influence est considérée dans un sens large comme une analyse de réception qui combine une étude des textes télévisuels potentiellement capables de faire générer et circuler de la signification dans la société avec des études empiriques de la réception des récepteurs considérés comme co-producteurs de la signification. Au sein d’un même groupe culturel ou social, on constate des lectures et des comportements identiques. L’ethnographie de la réception considère alors le groupe comme une véritable communauté socio-culturelle où des rituels anthropologiques sont observés. Ainsi, lorsqu’une communauté regarde au même moment la finale de la coupe du monde de football où joue son pays, les
comportements stéréotypés des téléspectateurs sont effectivement sous-tendus par des valeurs de l’ordre d’un sacré sécularisé : reliance sociale, partage social des émotions, nationalisme… Ce courant a gardé de ses racines historiques, les cultural studies, la stratégie de recherche que Hall a explicitée dans son modèle codage-décodage. Il fut le premier à proposer une démarche empirique de recherche au sein d’un courant, à la base critique. Une étude de production montre que des contraintes institutionnelles et structurales influencent le processus de codage en imposant notamment un mode de mise en écran, une grammaire audiovisuelle… qui incitent les téléspectateurs à produire une et une seule signification, et donc diminuent la polysémie en réception. Toute démarche débute donc par une analyse sémiotique des contenus. Même si Hall a proposé une méthode pour analyser le « décodage » par les publics, il a fallu attendre des travaux ethnographiques américains ou en langue française pour entrer plus en profondeur dans la description de l’interaction texte-lecteur. Les récentes études empiriques ont maintenant tendance à dépasser le modèle texte-lecteur et, surtout, les problèmes engendrés par les dérives de l’interprétation et de la polysémie des nossages qui ont touché les héritiers des usages et gratifications comme ceux des cultural studies. En outre, elles tendent à s’émanciper des idéologies critiques qui sous-tendaient initialement le courant pour remplacer une problématique de domination de classes par d’autres problématiques comme celle de la citoyenneté au sein de l’espace public, de la construction des identités collectives ou de la formation des liens sociaux.
Les réflexions conceptuelles méthodologiques ( sur la subnousctivité de l’observateur) et épistémologiques que mènent les ethnographes de la réception donnent à ce courant empirique une validité scientifique indéniable. Il a notamment mis au point son propre arsenal méthodologique avec des observations, participantes ou non, directement au sein des foyers des téléspectateurs, des entretiens semi-directifs ou des récits biographiques effectués dans le contexte habituel de réception des téléspectateurs

Les recherches s’inscrivant dans le champ des SIC proposent donc des échelles d’observation macro, méso et micro-sociales pour étudier la réception. Ces recherches sont généralement faites au sein d’une épistémologie herméneutique (elles visent alors à comprendre la portée des actions des acteurs inscrits dans leur contexte en accédant à leurs représentations) ou à l’aide de méthodes corrélationnelles (permettant une description quantifiée sur de grands échantillons). Elles cherchent à expliquer l’influence au sens large en mettant en relation le phénomène de réception avec d’autres éléments qui participent à la constitution du fait communicationnel et étudient les relations que les récepteurs établissent avec les médias. Les récepteurs sont considérés comme des individus faisant un usage particulier des médias ou comme des communautés de réception. Les approches sociologiques et ethnographiques ne théorisent qu’une partie du processus de réception, à partir du moment où les sunousts sociaux s’éloignent du média, forment des discours ou engagent des conversations à propos de ce qu’ils ont vu.

Nous avons enrichi les études du « pôle réception » en développant une approche complémentaire. Ils se penchent sur les interactions entre le sunoust social en réception et le dispositif médiatique. Plus précisément, ils analysent les processus socio-cognitifs et socio-affectifs du récepteur au moment du contact et après le contact (études intra et interpersonnelle) avec le dispositif médiatique. Pour cela, nous mixe des méthodologies qualitatives inscrites dans une approche herméneutique et compréhensive des processus et la mémplète les courants de recherches qui viennent d’être présentés. Nous situe nos travaux dans une double perspective interactionnelle : d’une part, les interactions des esprits du récepteur avec l’esprit des producteurs et, d’autre part, les interactions entre le sunoust social en réception et le dispositif médiatique.thode expérimentale qui permet d’observer des relations de cause à effet (sur la base d’une approche hypothético-déductive).


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